PORTFOLIO























Cette série explore le lien entre le paysage et sa biodiversité. J’interroge l’équilibre fragile des milieux naturels en associant éléments vivants (insectes, végétaux) et composés inorganiques (eau, roche).
Au fil de mes randonnées dans le sud de la France – notamment en Ardèche, dans les Cévennes, l’Hérault, les Landes ou le Pays basque – je repère des paysages marqués par l’omniprésence de l’eau et du minéral, essentiels au développement du vivant. J’y collecte également des fragments de vie rencontrés sur mon chemin : végétaux séchés, insectes morts, etc. Cette démarche met en lumière l’état actuel d’une biodiversité ordinaire et essentielle, de plus en plus menacée par les activités humaines et le dérèglement climatique.
Chaque élément est ensuite photographié individuellement en studio, sur fond uni, à l’aide de la technique du focus stacking. Les insectes sont préalablement réhumidifiés et épinglés afin de révéler la régularité de leur structure. Ce procédé permet de mettre en lumière la richesse des formes et des détails propres à chaque spécimen : symétries, géométries naturelles, mais aussi les singularités qui rendent chaque être vivant unique.
À la croisée de l’art et de la science, cette série valorise une biodiversité discrète, souvent ignorée ou mal perçue. Elle cherche à recréer un lien sensible avec la nature, à renouveler notre regard sur le vivant, et à nous reconnecter à une biodiversité mise en péril, alors même que nous y sommes intimement liés.









Ces images, prises en macrophotographie, explorent les formes du vivant qui évoquent la répétition, la régularité ou la symétrie. Chaque échantillon récolté est plongé dans un bain laiteux, révélant ses structures enfouies et ses motifs. Dans cette quête d’un idéal formel s’installe une tension subtile entre science et fiction.
Les prises de vues frontales et épurées rappellent l’esthétique des inventaires scientifiques, dans la lignée des travaux de Karl Blossfeldt. Mais derrière cette apparente neutralité se cache une mise en scène minutieuse, une construction photographique qui accentue les régularités et sublime les formes.
Ce fond laiteux, quant à lui, brouille les repères. Il évoque à la fois le liquide amniotique et les milieux de conservation, tout en convoquant l’imaginaire des liquides nutritifs que l’on retrouve souvent dans les récits de science-fiction, entre laboratoire et dystopie.


Au sein de ces paysages aquatiques à l’esthétique troublante - excessivement organisée - matières organiques et synthétiques se confondent dans une union mortifère, où les végétaux s'altèrent et les polluants imitent la nature. Chaque image évoque un futur proche, une représentation fictive d’un écosystème fragilisé.
La première s’ancre dans le fleuve du Lez, près de sa source au nord de Montpellier. J’y ai récolté des herbiers aquatiques (potamot, vallisnérie), essentiels à l’oxygénation de l’eau et à la biodiversité locale. La seconde se concentre sur les milieux côtiers de Villeneuve-lès-Maguelone à l’embouchure du Lez. J’y ai collecté des posidonies échouées - plante emblématique de la Méditerranée - ainsi que des algues (rouges, brunes et vertes), dont certaines peuvent devenir envahissantes lors des phénomènes d’eutrophisation.
Sur ces sites, j’ai aussi ramassé des déchets plastiques, parfois confondus avec des végétaux. À l’inverse, certaines algues altérées par le soleil prenaient l’aspect de matière synthétique. Les autres végétaux ont été plongés pendant plusieurs semaines dans des bains nettoyants, jusqu’à devenir translucides, presque fantomatiques, mimant le plastique dans une inversion des rôles qui porte à confusion. Le colorant vert visible au fond de l’eau est issu de l’extraction de la chlorophylle.
Au cœur de ces paysages au charme nocif, tout semble désorienté, se mélange et se dégrade. Les frontières entre la nature et l’artificiel s’effacent et la pollution devient presque belle. Ces images fictives questionnent les conséquences pourtant bien réelles, mais souvent invisibles, des activités humaines sur le vivant.








Inspirée par la peinture flamande, cette série photographique met en dialogue un portrait et une composition végétale qui lui fait écho. Chaque nature morte est composée en fonction des traits et du caractère de la personne photographiée, à la manière d’un portrait végétal.
La principale volonté est de tisser un lien sensible entre l’humain et le végétal. Le rapprochement entre ces deux formes de vie — à différents stades de leur existence — évoque à la fois les notions de vanité et de memento mori, tout en suggérant l’idée de filiation et de transmission, comme une façon de faire perdurer la vie.





Aux abords de l’usine d’alumine Alteo à Gardanne, les paysages portent les marques visibles d’une contamination persistante. Ici, les boues rouges — résidus industriels toxiques chargés en métaux lourds — témoignent d’une pollution aux conséquences néfastes pour la santé humaine, la faune et la flore. Bien que les vastes zones de stockage terrestres soient les plus visibles, elles ne représentent qu’une partie du problème : pendant des décennies, l’usine a rejeté ces déchets directement en mer, au cœur du parc national des Calanques. Elle a depuis été mise en examen pour des rejets liquides dépassant les seuils de toxicité, notamment en raison d’une concentration excessive en métaux lourds.
Cette série photographique oscille entre le reportage engagé et une approche plus sensible, centrée sur les formes et les couleurs. Elle s'appuie sur le contraste entre une esthétique épurée et la dureté d’un sujet lié à la pollution et à la dégradation des milieux naturels.
En sublimant le déchet, devenu presque sculpture, ces images soulignent l’ambiguïté d’une beauté née de la destruction. Elles mettent en tension la délicatesse des formes et la violence de leur présence. La couleur rouille se heurte au végétal, ronge le paysage, dans un contraste qui révèle l’anomalie de ces résidus industriels au sein d’un environnement naturel dont il ne reste que des vestiges.





















